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Qu’une ville soit élevée dans une contrée demi-déserte, sans autre raison d’exister que le voisinage d’une rizière, que ses habitants se soient obstinés à accrocher leur cases sur les pentes d’une montagne abrupte et qu’ils y aient construit des palais, que ces hameaux épars, reliés par de mauvais sentiers, aient formé avec les années une agglomération de cents mille âmes, il y a là pour le voyageur plus d’un sujet d’étonnement.

Cité paradoxale, ville gratte-ciel, Tananarive, au rebours des capitales, ne s’étend pas dans une plaine qu’encercle les collines, elle s’accroche à une montagne qui surplombe une plaine. Son relief tourmenté contraste avec l’uniformité plate de la rizière sur laquelle elle repose. Tananarive n’est pas dominée, elle domine. Elle n’est pas une ville en surface ni en épaisseur, mais en hauteur et en gradins. Elle ne s’enfonce pas dans la terre, elle se dresse et se drape dans le ciel et les nuages comme dans un lambe (lamba). On en fait le tour comme d’une pyramide, l’ascension comme d’un massif montagneux. C’est une ville d’escaliers et de sentiers, de montées et de tournants, de vertige et d’imprévu.

A Madagascar ou tout se superpose comme sur les fresques des primitifs, les mamelons dans le paysage, les arbres sur les falaises, les rochers dans les torrents, les cases sur les pentes, les lambes dans les sentiers, elle est la ville par excellence, la cité représentative. A sa situation orgueilleuse répond la devise qui fut proposée pour elle :  » Il n’y en a pas plusieurs dans l’île » (Tsy maro Anosy).

Et cela fait que, parmi les cités, elle porte le plus beau visage, celui qui se lève vers le ciel et s’absorbe dans la contemplation de l’espace.

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