La tâche de la CUA, incarné aujourd’hui par Naina Andriatsitohaina est complexe : affronter la surpopulation du centre urbain, tout en prenant en compte la mutation perpétuelle des usages, les conséquences  des nécessaires  performances économiques, la mobilité, etc… et, s’ajoutant à l’insécurité urbaine, désormais, la résilience climatique….

Une ville a ses humeurs, se caractérise par le fourmillement et l’énergie qu’y développe ses habitants, en perpétuel mouvement, sans trêves, sans attendre une annexe, ou de devenir une annexe (villes nouvelles) c’est un cœur qui bat en continu ; il faut tenir compte de ses multiples temporalités : le problème semble, plus technique que sensible.

Quand les villes des pays prospères cherchent à réduire la pollution pour une ville plus verte (en corrélation avec une jauge de santé publique, un indicateur économique concret), tendent à devenir plus piétonne, en tout cas praticable au piéton (…) moins consommatrice en énergie, développant les commerces de proximité, etc…

Quand ces dernières cherchent à développer la ville 15mn*… après qu’on ait démontré économiquement que la chronophagie des embouteillages impactait défavorablement sur le climat des affaires (le temps c’est de l’argent), que les transports en communs, étaient un service public obligé, bien qu’onéreux aux états, car tout de même un moyen utile de maîtriser un tant soit peu les déplacements physiques, gourmands en émission CO2… et en parcage de véhicules…

Quand il est établi, que l’attractivité d’une ville, se mesure à son indice de mobilité, mais également à son potentiel de vivre ensemble (Montréal etc…) ; on songera alors aux habitants : les riverains.

Riverains… Un mot à redécouvrir. 

Toutes les villes nourrissent les mêmes démons, sans avoir les moyens équivalents pour les combattre, mais les intérêts devraient converger vers des solutions rationnelles** pour créer, quel que soit leur dynamique, les moyens de tout un chacun, des lieux où il fait avant tout -bon vivre, s’intéressant à ceux qui la pratiquent. Une réponse humaine pour une ville pléthorique, pour ne pas dire politique.

Un projet de construction d’un marché à étage, sur l’esplanade du Zoma (…) il est vrai dans un but de formalisation, revient à accepter une surpopulation marchande : rien n’en gage la viabilité à long terme (ex Petite vitesse) : un projet, dans le contexte, discutable donc. 

Prendre le zébu par les cornes est audacieux, courageux, mais avant tout salutaire. Une reconstruction se fait rarement sans casse, et si la commune est consciente d’avoir à affronter une pression démographique, des marchands informels, il faudrait qu’elle songe également à affronter les spéculateurs immobiliers: la promotion à tout prix a montré ses limites, même à Antananarivo. Bloquer les permis de construire dans la haute ville était une nécessité, vitale depuis les séries d’éboulements. Sa population intra-muros est arrivée à saturation, si on souhaite préserver un paysage architectural typique. L’ancien « centre-ville » (Ambatonakanga, Isoraka, Antaninareina, Ambihijatovo) mérite qu’on songe à cette dé-densification…

Si la lecture du jardin Ambohijatovo comme espace vert peine, sa légitimité et acquise et ne manque que de jardinage pour être considéré comme espace public vert (…) 

L’Avenue de l’indépendance, par chance (ou vision), dessiné de larges voies, avec une identité forte de l’avenue dite à la Française, bordé par une architecture homogène d’arcades : constitue un fort potentiel pour une balade urbaine, abritée, qui ne demande qu’une offre de service à mieux identifier, puis adapter.

L’esplanade du Zoma, inséparable de ses traditionnels pavillons, quant à elle, a depuis bien longtemps perdu ses lettres de noblesses, pour de multiples raisons qu’on pourrait analyser de façon non exhaustive comme résultant d’ une politique de jours en jours dépassée en gestion des marchés communaux: un laisser-aller de discipline urbaine de ces 30 dernières années, un ravitaillement des ménages géographiquement diffus, la découverte des grandes surfaces relativement récente, la fascination pour la grande ville, et surtout, un secteur informel hors contrôle, conséquence d’une explosion démographique depuis l’abandon, puis l’insécurité des campagnes… entre autres…

Restons perplexes, devant la volonté communale de bâtir des boxes de commerces sur 2 niveaux, sur un espace qui de façon certaine, est vital à garder dégagé. Ne serait-ce qu’en réponse aux précautions de sécurité incendie dont une ville doit se doter pour protéger ses citoyens… et son patrimoine !

S’ il est une leçon (parmi d’autres) à tirer de l’épidémie COVID, c’est bien la remise en cause des densité urbaines.

Créer du vide, dans la ville, est une nécessité !! Offrir au regard Les pavillons d’Analakely, par ce vide de l’esplanade, serait un acte brave de valorisation de ce patrimoine urbain… 

Malgré une pression foncière inquiétante, malgré un chantage électoral des travailleurs informels, comment convaincre nos décideurs, que le vide, paradoxalement, est un moyen technique, de préserver la ville ? Qu’en assurer la croissance, passe aussi par le bien vivre qu’y ressent ses habitants. Ses riverains ? 

Pour mesurer cette richesse, et les retombées économiques du vide, il faut se projeter à 10, 15 ans… Quand les habitants de la cité, pourront se déplacer, le jour du Vendredi, au marché primeur, un marché hebdomadaire, sectorisé, de fruits et légumes, des fleurs : à pied, en famille, faire leurs courses sous les parasols blancs, se garer pour se ravitailler de produits frais, sains, locaux, emprunter les trottoirs en toute sécurité, leurs enfants à la main. Et que le soir, quand les marchands auront replié leurs étales, que la voiture balai de la commune aura d’un jet, tout nettoyé, une large esplanade, dégagée (produit rare) leur sera offerte, éclairée et sécurisée, révélant ce patrimoine architectural qu’illustrent les pavillons d’Analakely. Un lieu qui saurait organiser concentration, puis dispersion, pour laisser vivre des riverains de quartier…

Parfois, le « non projet »*** peut être le projet.

Chez nous, quand le bâtiment va, tout ne va pas forcément…

* concept récent pour que le citadin, puisse avoir à portée de 15mn, son logement, son travail, son école, son ravitaillement pour éviter les déplacements qui contribuent à la pollution
** durables, à l’économie
*** Construire (consommer) à tout prix au détriment de moyens pour l’ordre, la sécurité, l’organisation, la sectorisation…

https://www.madagascar-tribune.com/Un-marche-a-etages-prevu-sur-l-Esplanade-Analakely.html
http://www.midi-madagasikara.mg/societe/2016/09/13/esplanade-analakely-projet-de-construction-dun-marche-de-800-places/
https://www.newsmada.com/2019/04/13/analakely-le-fimpava-interpelle-la-cua/

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